ARTURO M. et ses dissidents
Imaginons un pays où une trentaine de personnes s'est vue fracturer la mâchoire. Autant à peu près ont perdu un oeil. Une petite dizaine a été délesté d'un doigt, ou bien d'une main (l'index ou le majeur, la gauche ou la droite, peu importe : la police ne fait pas la différence). Imaginons une seconde que le pays en question soit tenu par Arturo M. un président mystérieux et honni ayant quelques tours dans son sac. Et, maintenant, demandons-nous naturellement : que peut-il arriver dans ce pays-là ? Selon vous...
Extrait : " La violence, elle était née en mer, au large de Madagascar en 1947 (Clisburg n’en croyait pas ses yeux), lorsque des dizaines de prisonniers furent précipités à la baille, depuis des hélicos de son pays, pour être jetés en pâture aux requins.
Mais, peut-être, avait-elle vu le jour en Algérie, à Sétif, et au camp de Thiaroye, au Sénégal, juste à la sortie de la Seconde Guerre mondiale ? Elle s’était renforcée durant la bataille d’Alger de 1957, où les paras du colonel Massu employèrent la torture à outrance, pendant que la théorie de la guerre contre-révolutionnaire, une spécialité de son pays, était inventée par Roger Trinquier. Cette violence, en tout cas, s’était poursuivie sur les contreforts du pays Bamilékés, quand le napalm des avions tricolores balaya des villages, et tous leurs habitants, d’un trait de flammes.
Elle était ensuite passée par le Togo, avec l’assassinat du juste Sylvanus Olympio, sur les ordres d’un de ses concitoyens, continua avec la prise du pouvoir par son meurtrier, le soudard Éyadéma, pendant trente-huit ans. C’était son pourri de fils qui, de nos jours, était à la tête de cet État d'opérette.
Elle s’était prolongée encore, au Biafra, lors d’une guerre que son gouvernement avait instrumentalisée au mieux. Elle s’était parachevée, enfin au Rwanda, en 1994, où leur doctrine de la guerre subversive avait vécu là ses heures de gloire, et produit un terrible génocide.