À PART ENTIÈRE
de MYRIAM SONZOGNI
« Elle entendait de très loin le roulis des vagues contre la falaise. Le vent s'enflait de l'appel des disparus —mon trésor, mon ange mon tout petit, elle pouvait le dire à voix haute maintenant.
Lise se leva et sortit les cinq bougies de l'étui de carton. Elle prépara un bol d'huile d'olive, trempa son pouce dans l'huile et graissa le corps de cire de haut en bas. Attendre et laisser sécher. Dresser la bougie sur la petite assiette de porcelaine bleue. Attendre encore. »
Pour ce roman, je suis partie d'un fait réel, une pétition réclamant d'ouvrir la mémoire sur un pan évacué de notre histoire collective, la mort tragique de dizaines de milliers de personnes dans les asiles en France pendant la seconde guerre mondiale.
Au-delà de sa portée mémorielle, cet appel résonnait comme une invitation à déployer au présent les histoires de divers personnages, saisis chacun dans leur vulnérabilité.
Dans ce récit polyphonique, les trajectoires se croisent, parfois se rencontrent. Chacun interprète un morceau de partition d'une voix qui lui est propre.
Lise attend. Damien filme. Nathanaël chante et rêve d'être connu. Pourquoi certaines histoires compteraient-elles moins que d'autres ?