Diapositive4 4

Extraits

 
Machado 1
 
Text plagC’est à cette heure là que l’autre arriva, Mathilde s’était précipité sur lui à l’entrée du jardin et l’entraînant par la main lui fit faire le tour de la table, s’écriant à l’encontre de chacun :

 

– Jean-Marc Champ Duval Sénateur et député maire de V…. Ambassadeur d’Espagne à la Cour de Charles Quint, Ministre des Finances de Louis le Hutin et Grand Ponte de Chambellanie et des Chasses Présidentielles de Monsieur (sous entendu François Mit ‘rand, le roi à l’agonie se faisant appelé Monsieur, par ses proches,) … . Voilà bon on avait plus qu’à fermer sa gueule pensais-je sournois. Tout ça allait plomber durement le repas déjà bien zingué, de tonnelles et de gouttières, de cascades dégoulinantes de lieux communs et d’originalité abrutissante. L’instant d’après je me morfondais dans ma salade à l’oseille, le nez envahi par les effluves de l’échalote et de l’ail, du vinaigre balsamique aussi, je pensais que les habitudes alimentaires des français avaient bien évolué depuis une décennie. Pendant que le Grand Ponte de Chambellanie et des Chasses Présidentielles de Monsieur et l’amant non officiel de Mathilde préparait son premier discours de la soirée, je revoyais la pauvre laitue de mon père accompagnant les frites et le poulet du dimanche, sans effluves celle là, un peu d’ail à peine et de l’huile de tournesol bon marché du Casino. Une des femmes de la tablée s'écria :
– Très sincèrement que pensez vous de… du nouveau décret voté la semaine dernière par le sénat…?
Je rentrais de plus en plus le nez dans ma salade tri odorante. Mes oreilles sûrement étaient devenues rouges, le sénateur se gargarisa avant de répondre, reprit un peu du Macon A.O.C 97 de chez Morales négociants et fils, le trouva aigre et donc en extirpa ses lèvres instantanément. Champ Duval ne supportait pas le vin des nouveaux riches.
– Je crois que la situation pourrait s’améliorer. .Enfin je pense que vu la conjoncture il pourrait y avoir un mieux dans les prochains mois…
Je sentis de la sauce vinaigrette balsamique coulait sur mon menton et cherchais désespérément, une serviette en papier tout autour de la table, voulant attraper le regard de ma femme, mais comme toutes les femelles de la tablée, Eloïse avait rivée définitivement son regard sur les cheveux blancs aux reflets bleus miroirs des années d’or du Grand Ponte de Chambellanie et des Chasses Présidentielles de Monsieur. Donc plus de serviette. Feignant de me lever, je compris au regard incendiaire que me jetèrent les convives, que cela était inconvenant durant le discours, qu’on ne reçoit pas à sa table un Illustre Ponte de Chambellanie sans un minimum de respect patraque, d’atermoiement condescendant et de bonhomie circonstanciée.....
J’attendis donc que le très sénateur, aux cheveux blancs et bleus de reflets, miroirs des années d’or de Monsieur Chose et Truc, en termine et comme l’autre en bon politicien s’éternisait en noyant la dorade Je sentis de la sauce au vinaigre balsamique qui coulait, flirtait à présent avec la protubérance virile de ma pomme d’Adam. Honteux dépité devant le député je ravalais ma hargne et passais la paume d’une main sur la coulée de sauce comme si j’eus voulu tout simplement saisir mon menton en homme de réflexion. Obtenir de ma gorge une remarque profonde et pertinente sur le sujet évoqué. Le discours du Sénateur Ancien Commis de Monsieur, Frère de Machin et Empapaouté de Commisération n’en finissait plus d’être sirupeux et vomitif , il tapait des plans sur la comète le Grand Ponte, prévoyait pour l’avenir qu’un tas d’immondices infâmes et parasitiques et parasitaires viendrait s’abattre sur terre, des drôles de vilenies, des infectieuses calamités peste, des seaux remplis de choléra en giboulées larmoyantes, des averses de grêles de sidérites, il prévoyait le Grand Ponte et n’en finissait plus de prévoir que sans contre pouvoir de gauche on courrait tout bonnement à la catastrophe, là si l’on y prenait pas garde.
J’attendais toujours l’instant propice pour récupérer une serviette à la cuisine mais l’autre n’avait pas fini et toute l’assemblée des femmes prosternées à présent à ses bottes se pâmait d’admiration pour le Véreux aux Cheveux Blancs et Bleus de Reflets, Miroirs des Années d’Or de Lui-même, dans une admiration sans retenue.
Il reprit, le vert galant aux pommettes grises et tombantes. Sur ses lèvres des caillots d’ignominie giclaient à chaque syllabe, des postillons verdâtres et pas frais du tout, il crachait sous l’effet de l’absinthe… de l’apéritif… du Macon 97 à l’aigreur des nouveaux riches. Il rassurait pas du tout son monde là à cette heure mais les femmes se pâmaient de mieux, ébahies body devant le maître des éléments qui disait-il ferait revenir sur terre la paix, la justice, la douceur et la pamoison syphilitique. Il lutterait lui avec son Corps qu’il n’hésiterait pas à mettre aux services de ces dames, surtout celles présentes dans l’assistance car n’avait pas échappé à ce vieux lubrique les rondeurs mammalogiques de la timide et toujours silencieuse Laure. Il s’armerait d’un filet à papillons le Grand Ponte de Chambellanie et des Chasses Présidentielles de Monsieur pour combattre toutes vermines qui paraîtraient vouloir franchir la porte du jardin, et joignant le geste à la parole, il grimpa sur la table afin de parer aux invasions futures sous les yeux éberlués de toutes les femelles qui n’en pouvaient plus de Lui et des myriades réfléchissantes de ses favoris, à présent devenus, phosphorescents.
Je commençais à m’ennuyer ferme tout en m’inquiétant de l’endroit où Eloïse avait bien pu ranger ces satanées serviettes en papier bien qu’à cette heure je n’en eus plus besoin, la sauce au vinaigre balsamique ayant séché depuis longtemps dans les plis graisseux de mon cou. Mais je tenais à me lever de table, ne serait ce qu’un instant pour fuir un peu l’assemblée et me retrouver seul. Me sentir exister ! Je prétextais une envie pressente et escaladais les Douze Marches qui séparaient le jardin luxuriant de la maison d’Eloïse. L’autre en bas continuait, entreprenait les cent pas sur sa table à mi hauteur comme s’il s’était retrouvé sur le podium d’une réunion annuelle du Parti.
– Ah qu’à cela ne tienne, votez pour moi et vous serez enfin débarrassé de l’incongruité lourde de votre existence,
… Allez direct aux urnes et je vous promets des sidas incontrôlables, des fièvres jaunes, noires, roses, des calamités, oui… des calamités. … des… des…
(Il cherchait un peu ses mots le Grand Chambellan des Chasses)
… des… des épidémies internationales voir départementales, des épidémies bien à vous avec des morts plein la chaussée, des crevures je vous donnerais en bas de chez vous, oui… en voulez vous ?
Il s’était arrêté guettant une réponse dans les yeux de sa meute dont les chiennes à présent s’étaient rassemblées appâtées, à ses pieds de Grand Ponte des Chasses et de Chamb… et merde , il les tenait et le savait le Grand Chose , les voyant frémir du croupion là toutes autour de lui, les unes lui léchant les bottes, les autres frôlant de leurs tête la paume de ses mains attendant une caresse rassurante du Maître, ça ululait là tout autour de la table, l’hallali n’était plus très loin. Déjà le Cor des Chasses de Monsieur raisonnait au loin dans les sous bois, aux orées l’aube d’un jour nouvel allait se lever, la bête serait prise en tenailles entre la meute de chiennes excitées qui coulaient de toutes leurs cuisses, surtout la timide Laure… et le filet du Grand Ponte de… .
– En voulez-vous ? Hurla-t-il pour les faire réagir !
– Oui, oui encore, on en veut des crevures vas y donne, donne ! Gueulait Mathilde s’étant dépouillé de sa robe, les seins à l’air qui battaient dans tous les sens.
– Oui vas y, on le boira, on le boira gueulèrent les autres en chœur.
Laure se dépoitraillait elle aussi pour leur faire découvrir enfin ses deux mamelles énormes et suaves et protubérantes qui plurent tant à Mathilde une autre fois au bord de sa piscine. Le Chambellan de Chambellanie et de Luxure haranguait toujours :
– allons y, je vais vous en mettre de l’horreur, des macchabées plein les yeux, je vais vous en foutre moi de ce que vous voulez, des décompositions là dans la rue…
 
Des vieux « caniculés » en voulez – vous ?
Et le chœur assis à la table reprenait :
Oui vas y donne, donne, donne
Donne nous z’en des croupis
Des desséchés et des zombies
Donne nous z’en donc si t’es un homme !
 
Il leur donna, Lui, l’absolution, bénit le vin et la cuillère, la soupière aussi, et toutes elles tiraient la langue alanguie, attendant le pain…
… qu’Il le rompe !
Après les promesses Il les bénit !
Ah Très Saint ! Grand Ponte de Chambellanie et des Chasses Présidentielles de… accordes nous ton pardon criaient – elles.